La Bipolarité
Qu'est ce que la bipolarité ?
Connus sous le nom de psychose maniaco-dépressive, les troubles bipolaires ou bipolarité correspondent à un dysfonctionnement qui entraîne des dérèglements de l’humeur se manifestant par l’alternance de phases de dépression suivies de phases d’excitation (manies ou hypomanies). D’intensité variable, ces phases font suite le plus souvent à un stress difficilement gérable pour le psychisme, et peuvent être entrecoupées de période de stabilité.
Même si tout-un-chacun connait des variations de l’humeur, dans le cas d’une bipolarité, les phases de manies et de dépression, ainsi que le passage d’un état à l’autre sont bien plus intenses.
Les phases de dépression ou syndrome dépressif :
Douleur morale :
- L’humeur est typiquement triste, fixe, permanente , et indépendante du contexte. Elle s’accompagne souvent d’une perte d’intérêt et d’une incapacité à éprouver du plaisir pour les activités habituellement investies (anhédonie).
- L’anesthésie affective : le monde extérieur n’est plus source de plaisir, ce qui aggrave sa douleur morale.
- La triade mélancolique : le contenu des pensées est centré sur le sujet lui-même, sur son avenir, et sur le monde environnant.
- Vision négative de lui-même : la culpabilité et/ou la honte dominent, et ont parfois du mal à être verbalisées. La personne se fait beaucoup de reproches. L’anxiété peut parfois prédominer ( ou l’irritabilité, l’hostilité ou l’agressivité).
- Le monde apparait sous son aspect péjoratif. Il ne retient que les faits qui alimentent sa vision négative, devenant peu à peu des croyances rigides, et difficiles à remettre en question.
- Vision de l’avenir assombri : l’avenir est occulté par le pessimisme et la perte d’espoir. La personne n’est plus en capacité de faire des projets.
Ralentissement psychomoteur :
Les actions et les pensées sont ralenties :
- La personne agit peu et lentement, avec un retard dans la mise en acte et d’un ralentissement dans la cinétique de l’action : les gestes de la vie quotidienne demandent du temps et des efforts à cause de la sensation de fatigue (fréquemment le matin, avant tout effort).
- Le discours est ralenti, plus lent, la voix est « monocorde » Les pensées se déroulent lentement (bradypsychie) et le contenu idéique est appauvri, le malade ayant tendance à ruminer inlassablement les mêmes thèmes négatifs (monoidéisme dépressif).
- Les troubles de l’attention et de la mémoire sont la règle.
- Perte des intérêts, pouvant limiter la capacité du malade à travailler, à lire, ou à discuter. Dans ses formes moins intenses, la personne agit comme à l’accoutumée, mais avec difficulté, sans entrain et plus lentement.
- Lorsque l’anxiété est intense, une agitation psychomotrice peut venir masquer l’inhibition dépressive, improductive, Les pensées se bousculent de façon stérile, etbtournent en rond : on retrouve dans ces formes, le même monoidéisme dépressif. Ces formes de dépression s’accompagnent d’une majoration du risque suicidaire.
Troubles somatiques :
- Troubles du sommeil : ils sont constants, avec une diminution du temps de sommeil et l’impression qu’il est non récupérateur. L’on observe des réveils matinaux très caractéristiques de la dépression. Le malade s’endort sans trop de difficultés mais se réveille beaucoup plus tôt qu’à l’accoutumé. Les fins de nuit sont vécus péniblement, car elles sont source d’ angoisse, de ruminations négatives, et le risque de passage à l’acte suicidaire particulièrement critique.
- Troubles de l’alimentation : l’on observe fréquemment une perte d’appétit et une perte de poids qui peuvent parfois laisser penser à un trouble physique grave. De telles hypothèses sont d’autant plus facilement évoquées que le déprimé est porté à envisager les pires éventualités et que sa dépression peut s’accompagner de sensations physiques pénibles (maux de tête, spasmes digestifs, oppressions thoraciques, douleurs musculaires erratiques ou localisées).
Phases maniaques ou hypomaniaques :
- L’humeur : elle est exaltée (hyperthymie) inhabituellement joyeuse, quelque soit la situation. On note une Euphorie non sélective, permanente et fixe, reconnue comme excessive par l’entourage habituel
- La personne montre une familiarité peu habituelle, une humeur versatile, passant rapidement du rire aux larmes. Elle a l’impression d’être hypersensible à l’environnement.
- Le malade ressent les choses, les événements, les remarques et attitudes des autres avec une acuité inhabituelle.
- En état maniaque, la personne souffre d’une difficulté à contrôler ses réactions émotionnelles. Il réagit vivement à la moindre sollicitation.
- L’excitation psychomotrice (tachypsychie ou fuite des idées)
- On note souvent , une accélération du tempo d’activité (succession d’actes inachevés, brouillons, inefficaces, qui donne alors une impression de confusion, bien marquée dans le discours pouvant devenir incohérent si l’intensité de la manie est importante).
- Augmentation de l’estime de soi, avec des idées de grandeur.
- Mauvaise qualité de la communication verbale : la personne n’entend pas réellement les propos de son interlocuteur, elle ne cherche pas à le comprendre mais plutôt à être entendu. Il est difficile de nouer un vrai dialogue qui prendrait en compte les besoins de l’autre.
- A l’inverse, le flot de paroles déversées sature souvent l’auditeur et dépasse ses capacités de compréhension : même s’il est abord perçu comme brillant, le discours finit par devenir lassant.
- Les contenus de pensée pendant cette phase sont excessivement positifs. Ils concernent le sujet lui-même (surestimation de ses capacités, de ses qualités), le monde (« tout est beau dans le monde ») et l’avenir (optimisme). + logorrhée.
- Troubles du sommeil : la personne ne dort que quelques heures, et ne ressent pas la fatigue. C’est souvent le premier symptôme repérable pour le patient qui connait sa pathologie.
- Dans les cas les plus graves, des hallucinations ou idées délirantes peuvent apparaitre.
Les épisodes d’hypomanies sont semblables, mais très atténués.
Typiquement, un trouble bipolaire ne se limite pas à un seul épisode.
Les comorbidités
Les troubles associés sont fréquents :
- Les troubles anxieux comme le trouble panique, le TOC, le trouble anxiété généralisé ou la phobie sociale.
- Les conduites addictives viennent diminuer le vécu d’angoisse.
- Les troubles compulsifs alimentaires (TCA).
Traitement :
Le diagnostic du trouble bipolaire peut être difficile à établir, même pour des professionnels de santé confirmés. Il est donc recommandé de consulter un psychiatre qui pourra établir un diagnostic. Une fois le diagnostic clairement établit, plusieurs thérapeutiques sont proposées.
- Un traitement médicamenteux est le plus souvent prescrit dans ce cas précis (régulateur et stabilisateur d’humeur permettant de réduire la fréquence et l’intensité des phases, etc.).
- Le suivi psychothérapeutique est vivement recommandé afin de pouvoir verbaliser ce qui agit à un niveau intra-psychique, et d’apprendre à repérer l’apparition des différentes phases et pouvoir agir sur celle-ci, à temps. Il amène également à mieux appréhender ses émotions et à gérer les difficultés relationnelles qui découlent de ce trouble.
Lorsque la bipolarité est bien traitée , le risque de reproduire des épisodes maniaques et dépressifs diminue, les rechutes sont moins sévères ou moins longues. L’on note également une diminution des comportements impulsifs et des comportements à risque.